Est-ce dangereux d’avoir un souffle au cœur ?

‍

Co-écrit avec Dr Lacotte

Le souffle au cœur, médicalement connu sous le nom de souffle cardiaque, est souvent détecté lors d'un examen physique et très souvent source d’inquiétude chez les patients concernés.

Dans cet article, nous vous expliquerons ce qu'est un souffle au cœur, ses symptômes, et les cas dans lesquels il faut s’inquiéter. 

Comment fonctionne le cœur ?

“Le cœur est une pompe qui a pour but de délivrer un débit sanguin de 4 à 6 litres pour tous les organes, ce qui est vital puisque le cerveau par exemple a 5-6 secondes de réserve en sucres et en oxygène.” - Dr Jérôme Lacotte, cardiologue - rythmologue, et membre du comité scientifique Lifeaz.

Qu’est-ce qu’un souffle au cœur ? 

Avant toutes choses, il faut savoir que le souffle au cœur n’est pas une maladie mais un symptôme. 

Il s’agit en effet d’un bruit anormal, doux, sifflant ou bourdonnant, entendu lors de l'auscultation du cœur à l'aide d'un stéthoscope. Il est plus fréquent chez l’enfant, mais peut être détecté à tout âge, chez l’homme et la femme. 

Concrètement, un souffle au cœur traduit la présence de turbulences lors de l’écoulement sanguin au niveau du cœur ou des vaisseaux.

 Il existe deux types de souffles au coeur : 

• Le souffle systolique. Celui-ci apparaît lors de la contraction du cœur pour expulser le sang vers les organes. Il peut être révélateur d’une insuffisance de fermeture de la valve mitrale, la valve cardiaque qui sépare l’oreillette gauche du ventricule gauche.

• Le souffle diastolique. Le souffle diastolique correspond à un rétrécissement de l’aorte. Les valves aortiques se referment mal et cela entraîne un reflux de sang vers le ventricule gauche.

Quels sont les symptômes du souffle au cœur ?

Généralement, le souffle au cœur “se suffit à lui-même”, c'est-à-dire qu’il est découvert de façon fortuite et n’est pas accompagné de symptômes additionnels perceptibles. 

Mais dans certains cas, les patients ressentent : 

• Une fatigue excessive ;
• Une gêne respiratoire ;
• Un essoufflement ;
• Un douleur thoracique ;
• Des palpitations cardiaques ;
• Un élargissement de veines du cou ;
• Un manque d’appétit. 

Quelles sont les causes du souffle au cœur ?

Un souffle au cœur correspond le plus souvent à un rétrécissement ou à une insuffisance d’une ou plusieurs valves du cœur.

Généralement, le souffle au cœur est d’origine fonctionnelle et ne résulte d’aucune malformation. On parle de souffle au cœur “innocent”. 

• Il est très répandu chez les nouveau-nés et jeunes enfants, et disparaît généralement au cours de la croissance. Lors d’un examen de routine, plus de 60 % des enfants ont un souffle fonctionnel. 

• Il peut aussi être lié à une contraction excellente du cœur, accélérant le rythme cardiaque. Il est donc particulièrement présent chez les sportifs, les adolescents en pleine croissance, les femmes enceintes ou encore les personnes souffrant d'hyperthyroïdie, de fièvre ou d’une carence en globules rouges.

Ce qu’il faut retenir c’est que souffle fonctionnel = cœur normal, pas d’inquiétude à avoir. Dans ces cas, aucune prise en charge ni traitement particulier n’est recommandé. Il faut simplement surveiller que la situation ne s’empire pas. 

Cependant, dans d’autres cas, le souffle au cœur peut être anormal et révéler une pathologie cardiaque sous-jacente. Voici quelques exemples :

• Une cardiopathie congénitale : communication interventriculaire (CIV), persistance du canal artériel, rétrécissement de l’aorte, tétralogie de Fallot… ;

• Une anomalie des valves cardiaques, comme une calcification (durcissement ou épaississement) rendant plus difficile le passage du sang ;

• Une endocardite : il s’agit d’une infection de la paroi du cœur pouvant gravement endommager les valves cardiaques ;

• Un rhumatisme articulaire aigu.

Comment traiter un souffle au cœur ? 

Après avoir réalisé une échographie cardiaque, voire une coronarographie, le médecin sera en mesure de déterminer l'origine du souffle au cœur et ainsi d’adapter le suivi et le traitement requis en fonction des causes identifiées. 

• La première chose à faire est évidemment la surveillance régulière ;

• Des médicaments, types anticoagulants, diurétiques, ou encore bêta-bloquants, dont la fonction est de diminuer le rythme cardiaque et la pression artérielle, peuvent être prescrits ; 

• Enfin, dans certains cas, une opération chirurgicale est nécessaire pour réparer ou remplacer la ou les valves cardiaques défaillantes. 

Risque-t-on de faire un arrêt cardiaque quand on a un souffle au cœur ? 

Le souffle au cœur n'est pas un prédicteur direct de l'arrêt cardiaque. Cependant, dans certains cas, le souffle au cœur peut être associé à des conditions qui augmentent le risque d'arythmies cardiaques graves pouvant, elles, conduire à un arrêt cardiaque. 

Par exemple, les malformations cardiaques congénitales ou les anomalies des valves cardiaques peuvent créer des perturbations dans le flux sanguin et augmenter le risque de dysfonctionnement cardiaque.

Si vous présentez un souffle au cœur ou d'autres symptômes cardiaques, il est recommandé de consulter un professionnel de santé pour une évaluation approfondie et des recommandations de traitement.

Les facteurs de risque aggravants 

Outre le souffle au cœur, d'autres facteurs de risque peuvent également contribuer à l'augmentation du risque d'arrêt cardiaque, notamment :

• Des antécédents familiaux d'arythmies cardiaques ou d'arrêt cardiaque  ;

• Des maladies cardiaques préexistantes telles que l'insuffisance cardiaque ou les cardiomyopathies ;

• De l’hypertension artérielle non contrôlée ;

• L’obésité ;

• Les modes de vie sédentaires ;

• Le tabagisme ;

• La consommation excessive d'alcool. 

👉 Tout savoir sur comment se protéger du risque cardiovasculaire dans cet article. 

Comment vivre avec un souffle au cœur ? 

Lorsque l’on découvre que l’on souffre d’un souffle au cœur, il ne faut pas paniquer. 

Comme évoqué précédemment, ce n’est pas nécessairement grave et/ou dangereux et il est tout à fait possible de vivre normalement avec un souffle au cœur.

D’ailleurs, l’activité physique et le sport ne sont absolument pas déconseillés, au contraire. Comme pour prévenir toutes les maladies cardiovasculaires, un régime alimentaire sain et équilibré est également conseillé. L’essentiel est d’échanger régulièrement avec son médecin pour avoir des conseils adaptés.